Aujourd’hui nous décortiquons un essai de Tony Rossio. Cet article est conseillé par Brandon Sanderson, il traite du rapport entre le familier et l’inconnu dans un texte.

Tony Rossio en 2009

Tony Rossio est un scénariste américain. C’est à lui qu’on doit des œuvres telles que Shrek, Aladdin, et la série Pirate des Caraïbes dans son ensemble. Il a une longue carrière dans le monde de l’écriture, et a consulté des centaines de scripts. Ce qui suit est un résumé de ses retours.

Le problème qui paralyse le plus d’histoires est selon Rossio :

L’absence d’un bon concept.

Bien souvent, l’auteur a choisi un concept, qui même dans sa meilleure forme ne se vend pas bien ou n’intéresse pas. C’est très frustrant, raconte Rossio. Un grand nombre de scripts ont des structures, des personnages, des dialogues passables, voire même très bons. Mais dans l’immense majorité des cas, il n’y a aucune chance que ces scripts fonctionnent. Rossio a longtemps eu du mal a exprimé aux auteurs pourquoi les histoires ne marchaient pas. En quelques sortes, il leur manquait quelque chose. Mais quoi ? Il n’y avait pas de mot pour cela.

Il y en a un à présent :

The Strange Attractor. Que nous traduirons par l’étrange attracteur. Rossio nous indique que ce terme vient de la géométrie fractale.

Ce que c’est, et pourquoi il vous le faut

Rossio explique le terme ainsi. Par étrange, il faut entendre “unique”. Par “attirance” il faut voir “ce qui attire, ce qui plait”. Ensemble cela donne “Etrange Attracteur”, ce qui est unique et qui attire. C’est une façon de dire que le concept de votre script doit être nouveau, ; quelque chose qui n’a pas encore été fait. En même temps, il doit attirer le public. Il doit y avoir un aspect de l’histoire qui est intrigant et inventif. “Les gens d’Hollywood doivent s’en vouloir de ne pas y avoir penser en premier” nous dit Rossio.

Vous pouvez appeler cela un “hook” (crochet) un twist ou un truc. A Hollywood, on parle parfois de “high concept” (haut concept). C’est une idée d’histoire qui peut être exprimée en une ou deux phrases. Le High Concept et le Strange Attractor sont les mêmes notions. Est-ce vraiment une bonne idée si elle n’intéresse personne ?

Par exemple : un homme emprisonné à tord mène son enquête depuis sa cellule. C’est légèrement intrigant. Vous pouvez utiliser ce concept pour écrire un scénario. Si tout se passe bien, un film pourra être réalisé. Mais même si c’était le cas, il serait difficile de convaincre une audience d’aller voir le film.

Du point de vue d’un studio, ce concept n’est pas très prometteur. Il ne générera pas énormément d’engagement.

Une idée qui est marginalement mieux d’un point de vue uniquement commercial : un homme emprisonné à tord doit apprendre à se projeter astralement pour retrouver le vrai meurtrier.

Même si cette idée n’est pas fantastique, elle contient un étrange attracteur facilement identifiable : s’échapper de prison en se projetant.

Voilà quelques autres idées : un adolescent est envoyé dans le passé et doit faire en sorte que sa mère et son père se rencontrent. Un groupe d’anciens médiums lance une entreprise d’extermination de fantômes à New York. Un homme écrit une lettre de rupture à sa copine et l’envoie en express ; il change d’avis et doit rattraper la lettre avant son arrivée le lendemain matin. Ces histoires donnent le sentiment qu’en les développant nous trouverons des situations intéressantes. Il y a un certain moment de “Aha !”.

Un bon attracteur doit faire précisément ça. Intriguer le public. Les meilleurs explorent une partie de la condition humaine d’une façon jamais vue avant.

Cette notion d’étrange attracteur est absolument nécessaire, rappelle Rossio

Surtout pour les écrivains et scénaristes débutants. Le public et les producteurs investissent leur temps et leur argent dans vos histoires, vous devez être capable de résumer votre attracteur , de savoir exactement ce dont il s’agit. Vous devez être capable d’en parler, de la même façon dont vous parler de vos personnages ou de votre intrigue. Ne commencez pas votre script sans.