Le célèbre écrivain Kurt Vonnegut a exprimé à plusieurs reprises l’idée que chaque ligne de votre texte doit faire plusieurs choses. Il peut s’agir de décrire une situation, un événement, une idée ou tout autre chose.
Il y a de nombreuses façons de regrouper plusieurs idées au sein d’une même phrase. Il n’est pas question de ça ici. Ce que Vonnegut exprime est la notion de colorer votre texte selon le point de vue du personnage qui vit la scène actuelle. Chaque ligne de votre texte doit être une description du monde, et de la façon dont le personnage voit ce monde.
Un exemple
Nous cherchons à décrire une scène ou un personnage voit un verre d’eau. Nous nous plaçons à la troisième personne non-omnisciente qui a grandit dans le désert, où l’eau est extrêmement rare.
Il y a un verre d’eau sur la table. Il n’a l’air d’être à personne.
Cette ligne ne nous donne pas d’information sur le personnage. Elle ne décrit que le verre d’eau.
Il y a un verre d’eau sur la table. Seigneur. Pourquoi n’est-il pas gardé ?
Cette ligne décrit la même scène. Nous avons seulement ajouté la perception du personnage. C’est ce dont Vonnegut parlait. Nous avons à la fois une description de l’environnement et une information sur le caractère et le comportement du protagoniste.
Parlons de la notion du personnage.

Qu’est ce qu’un personnage ? La définition la plus vide de sens est simplement : personne qui figure dans une oeuvre.
Si l’on se place du point de vue de l’écriture, un personnage est la lentille à travers laquelle une scène est décrite. C’est d’autant plus vrai si vous écrivez à la 1ère personne ou à la 3ème personne non-omnisciente.
Nous évoquions le verre d’eau et notre protagoniste du désert. C’est l’application de ce concept. Dans un cas nous écrivons simplement ce que nous voyons de manière neutre en tant qu’auteur – un verre d’eau. Dans l’autre nous décrivons la scène à travers les yeux du personnage – une ressource d’une extrême rareté.
Si vous ne retenez rien d’autre, retenez ceci :
Les personnages sont des filtres à travers lesquelles nous décrivons les scènes de nos histoire.
PROMS
Le terme PROMS est un acronyme formé à partir des mots Past, Relationships, Obligations, Motivations et Sensibilities. Il décrit les 5 attributs que vous pouvez souligner quand vous décrivez une scène à travers les yeux d’un personnage.
Les plus fins observateurs parmi vous auront remarqué que si l’on prenait le PROMS en Français, on aurait toujours PROMS (Passé, Relations, Obligations, Motivations, Sensibilité). Ceci étant dit, nous utiliserons le PROMS et non le PROMS, car l’idée originale est celle du PROMS, et non du PROMS. Non mais.L’idée selon laquelle votre personnage est une fenêtre sur une scène prend tout son sens quand vous considérez que son passé ou sa sensibilité vont influencer sa réaction et sa perception d’une situation.
Past
Le passé du personnage, composé de ses expériences, de ses souvenirs et de son vécu.
Relationships
La majeure partie de la majorité des histoires consiste simplement à voir interagir deux ou trois personnages. La façon dont vous décrivez les relations vous permet d’ajouter de la profondeur à vos protagonistes.
Un exemple. Vous cherchez à décrire la relation de deux frères compétitifs. Vous pouvez expliquer de but en blanc que les frères sont rivaux. Vous pouvez également décrire une interaction où avant de discuter, l’un deux se précipite sur la plus grande chaise afin d’être plus haut que son frère.
Obligations
La notion d’obligations est souvent culturelle. Faire respecter ou non certaines normes à un personnage pendant une action révèle ses intentions et ses idées. L’exemple le plus simple est probablement la notion d’obligations sociales. Un personnage qui ne respecte pas les codes implicites de la politesse quand il interagit avec un autre protagoniste nous permet de comprendre un peu mieux la situation.
Motivations
Il s’agit simplement des motivations que nous avons donné à notre protagoniste. Et à chacun de nos personnages, car un personnage qui n’a pas de motivation sera fatalement un mauvais personnage.
Perdre de vue les motivations d’un personnage est la principale raison pour laquelle ce personnage va paraître étrange et bizarre aux lecteurs.
Brandon Sanderson
Sensibilities
L’idée des sensibilités est très très simple. Décrivez un chien du point de vue de quelqu’un qui aime les chiens plutôt que du point de vue de quelqu’un qui préfère les chats.
Vous avez le modèle entier ! S’en servir nécessite de l’entraînement. Je me pose fréquemment une question avant d’écrire une ligne à présent : comment mon personnage interprète-t-il cette situation ? A quelle partie du PROMS est-ce que cela fait référence ? Je sais que ça fait deux questions, mais vous avez compris.
Un exercice pour créer un personnage
Prenez trois personnages. Donnez leur un nom, une origine et un secret. Prenez une situation classique, comme acheter une glace au parc, ou faire du shopping.
Rédigez en une ligne une description du personnage pendant l’action qui nous éclaire sur la façon dont il voit le monde. Vous aurez trois points de vue différents pour une même situation.
Conclusion
Tout ce qu’on voit, sent, touche ou expérience nous rappelle des souvenirs. Le fait que ma casquette soit juste à côté de moi sur mon bureau me rappelle que j’ai les cheveux longs et qu’ils ont tendance à m’obstruer la vue.
Attention à ne pas noyer votre texte dans les descriptions. Vous pouvez aisément prendre les descriptions que vous aviez prévu d’utiliser et d’ajouter cette petite touche personnelle.
Bonne écriture !