Les systèmes magiques sont des représentations d’écrivains. Un système magique contient l’ensemble de la magie et des règles qui la régissent pour une histoire donnée.

Par exemple, le système magique du Seigneur des Anneaux fait référence à la magie de l’anneau, mais aussi à celle de Sauron, de Gandalf et de chaque être de cet univers précis.

Construire un système magique revient donc à décider ce que votre magie permet de faire, ne permet pas de faire, et à quel prix. Gardons l’exemple du Seigneur des Anneaux pour illustrer les concepts.

Ian McKellen jouant Gandalf
Ian McKellen jouant Gandalf

Prenons Gandalf. Sa magie paraît illimitée. On ne sait pas réellement ce dont il est capable ni comment. Il peut se tirer des mauvaises situations facilement. A priori, il n’a pas de prix à payer pour utiliser la magie. Selon Sanderson, ne pas être explicitement au courant des règles qui régissent sa magie la rend plus impressionnante et suscite l’admiration.

Pourtant, la magie de ce monde à des règles, qui sont exprimées dans les autres travaux de Tolkien. Souvent avec une grande clarté

L’anneau unique est très simple d’utilisation. Nous savons ce qu’il peut faire, ce qu’il ne peut pas faire, et surtout ce qu’il faut sacrifier pour pouvoir l’utiliser.

Les systèmes magiques ont donc des règles. Vous ne pourrez vraisemblablement pas y couper, mais vous pouvez choisir de ne pas les expliciter. Brandon Sanderson décrit 3 (plus une) règles qui peuvent vous orienter dans la bonne direction avec votre histoire. Les voici.

1ère loi : Votre capacité à résoudre les situations difficiles de votre histoire d’une façon satisfaisante est directement liée à la bonne compréhension de la magie par les lecteurs

Pfiou.

C’est de très loin la loi la plus complexe. Prenons 5 minutes pour l’expliquer.

Situations difficiles de votre histoire : les moments de tension

La bonne compréhension de la magie par les lecteurs : est ce que vos lecteurs connaissent ce qu’il est possible de faire ou non en utilisant la magie ? Prenons l’exemple du Seigneur des Anneaux, nous savons ce que l’anneau unique permet de faire (invisibilité) et à quel prix (l’œil de Sauron vous voit immédiatement).

Une façon satisfaisante : c’est le plus difficile à décrire. D’une manière générale, vos lecteurs et vous savez quand une action est intéressante et quand elle ne l’est pas. C’est un mélange de surprise, de créativité et d’un sentiment d’admiration.

Cette règle dit simplement que si vous voulez que vos lecteurs se disent “ah, c’est intéressant d’utiliser la magie comme ça !”, alors vous devrez leur expliquer les règles de votre système. Si vous voulez qu’ils se disent “Wow c’est trop cool la magie”, ne vous fatiguez pas avec cette règle.

2 : les faiblesses sont plus intéressantes que les pouvoirs

Les histoires de Superman ont trois thèmes : la kryptonite, un ennemi plus fort que lui, ou ses tentatives de s’intégrer à la société humaine.

Globalement, les faiblesses et défauts des personnages sont plus intéressants que leurs points forts. Si vous centrez une histoire sur le point fort d’un personnage, il n’y aura pas de tension. Votre protagoniste est en situation de contrôle. En revanche, s’il éprouve des difficultés à réaliser une certaine action, nous prendrons du plaisir à le voir essayer.

Les histoires basées sur les faiblesses des personnages se prêtent très bien au voyage du héros. Qu’est-ce que Gandalf n’est pas capable de faire seul ? Détruire l’anneau.

En ce qui concerne la magie, plus les limites sur son utilisation sont importantes, plus elle sera intéressante. Les limites peuvent être interprétées comme des coûts, à payer pour son utilisation. Dans Dune, les coûts sont économiques. Dans beaucoup de mangas, le coût d’utilisation de la magie est physique. Le protagoniste doit utiliser son énergie. Cela fonctionne rarement bien, car le héros peut toujours utiliser plus d’énergie dans les moments difficiles.

Les coûts moraux ou émotionnels sont souvent les plus intéressants. Que feriez-vous si un de vos grand-parents mourrait quand vous utilisez la magie ?

3 : explorez la magie en profondeur plutôt qu’en largeur

Cela fait écho à la notion d’iceberg que nous avons exploré il y a peu. En explorant en détail une notion, plutôt qu’en en survolant une dizaine, vous donnerez à vos lecteurs l’impression que votre monde est réellement complexe.

0 : à choisir, faîtes en sorte que ce soit impressionnant

Sanderson explique qu’avoir une loi n°0 est un classique en Fantasy. De nombreux auteurs, dont Asimov avaient une loi n°0.

Pour la dernière loi, c’est très simple. Si vous avez le choix, faîtes en sorte que vos personnage, votre magie et votre histoire soient stylés.